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    Yemma* Chalbia
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>     Souvent ma grand-mère Zoulikha nous réunissait la nuit autour d'un canoun* pour nous raconter les meilleures histoires qu'elle a apprises de ses aïeuls pendant sa jeunesse. Elle avait une manière inégalable de relater les évènements imaginaires si bien qu'à chaque fois nous nous trouvions transporter dans des endroits différents et dans des scènes variées. Elle réussissait à nous faire peur, à nous faire douter, à nous faire espérer et à nous faire bénéficier de quelques moments de rêves.  Elle nous contait le destin du méchant ogre qui enlevait les enfants, les emmenait dans son antre et les dévorait. La vieille nous charmait avec l'histoire de l'Agraa Bou Kricha* qui réussit à décapiter le méchant dragon et à se marier avec la belle princesse. De tous les contes qu'elle ne récitait, un seul d'entre eux me faisait une peur bleue. C'était celui de l' Ghoula* Yemma Chalbia. L'horrible ogresse aux grands yeux rouges et aux longs crocs pointus. Cette monstrueuse créature maléfique hantait les couloirs des maisons et sévissait surtout aux moments de fortes chaleurs. A chaque après midi, pendant la sieste, Yemma Chalbia jaillissait de nulle part cherchant les petits enfants qui ne dormaient pas, les turbulents. En découvrant l'un d'eux, la méchante ogresse se ruait sur lui, l'attrapait et disparaissait sans laisser de traces.  Personne n'entendait parler de l'enfant enlevé. Grand-mère disait que l' Ghoula le mettait vivant dans un énorme chaudron bouillant et le dévorait jusqu'à l'os.
         Etant enfant, mes parents m'appelaient le petit diable. J'étais d'une extrême turbulence.  Pas le moindre répit avec moi, le jour comme la nuit. A l'extérieur de la maison, tous mes amis me redoutaient. Je trouvais toujours la solution pour nuire aux autres. Quant à l'intérieur, ma mère et ma grand-mère passaient des heures difficiles avec moi. Même notre chat gris était effrayé à ma simple apparition de loin. Le seul que je craignais était mon père. Il n'hésitait pas à me frapper.
         Je détestais faire la sieste en compagnie de mon père et de mon petit frère. Après le déjeuner, mon cher géniteur nous ordonnait de nous diriger vers la chambre et se couchait avec nous pour que je ne m'y évade pas. Rusé comme un renard, j'attendais un moment. Lorsque j'entendais le premier ronflement de mon père, je me redressais de ma place et je me faufilais comme un voleur hors de la chambre. En sortant, je me dirigeais vers ma grand-mère ou ma mère et je continuais mes indisciplines. Rien ne pouvait m'arrêter.
         Jusqu'au jour où voulant me glisser hors de la chambre, en tournant la poignée de la porte et exactement en l'ouvrant; une énorme forme se tint devant moi. Elle avait de grands yeux rouges étincelants et mon dieu ses crocs étaient d'une longueur démesurée. C'était l'effroyable Yemma Chalbia qui attendait ma sortie pour m'enlever et me dévorer. Une intense stupeur s'empara de moi. Sans attendre un instant, je refermai la porte d'un geste furtif et je bondis vers ma place. J'étais saisi d'épouvante et je tremblais. Attendant le moment où elle allait me poursuivre à l'intérieur. Je guettais son apparition d'un instant à l'autre mais elle ne m'a pas suivi. Toujours sur le qui vive, le sommeil eut raison de moi. Mon père fut surpris de me voir endormi. C'était la première fois qu'il se réveillait et me trouvait dans mon lit.
         En me réveillant, j'accourus vers ma grand-mère Zoulikha en hurlant : « Grand-mère, grand-mère ! Je l'ai vue, je l'ai vue. Elle voulait me dévorer. L'Ghoula Chalbia voulait me dévorait ! » Grand-mère Zoulikha esquissa un sourire discret. Depuis ce jour, la sieste est devenue une chose sacrée pour moi. 
         Après quelques années, j'avais compris la signification du sourire de ma grand-mère. D'après ma mère, la vieille Zoulikha avait prit un balai qu'elle a couvert avec un drap blanc. Ensuite, elle a dessiné de grands yeux rouges et de longs crocs. Elle a habillé le balai avec une robe noire en lui ajoutant un châle mauve et en le plaçant en face de la porte de ma chambre; le tour était joué. Elle m'a eu grand-mère Zoulikha.
    <o:p> </o:p>* Yemma : mère
    * canoun : brasier
    * l'Agraa Bou Kricha: Le chauve ventru
    * Ghoula : L'ogresse 
    <o:p> </o:p>

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    Instinct  assassin
    -         Il est vraiment super cool M. Jack Merton, n'est-ce pas?
       Cet avis était partagé par l'ensemble des étudiants de cet éminent professeur de français.
        M. Jack Merton était un très bel homme âgé de 35 ans. Sa silhouette de héros de film  lui donnait un atout majeur pour convaincre les plus réticentes de la gent féminine. Il avait de grands yeux noisette, un doux regard qui s'associaient avec ses cheveux clairsemés de gris à la George Clooney participant ainsi à ses divers succès dans la vie.
        Jack était un mari exemplaire. Après dix ans de communion,  sa femme Laure avait toujours l'impression d'être une nouvelle mariée. Il était un pur romantique qui réussissait à l'emballer à chaque fois, il était plein de surprise le professeur!!! Cet homme était aussi un père idéal. Ses deux enfants Claire et Paul nageaient dans la félicité en compagnie de leur paternel. Il était pour eux un précepteur, un ami et surtout une source inépuisable de tendresse.
         M. Jack Merton était un voisin exemplaire et un honorable citoyen: la perle rare que tout le monde espère avoir un jour près de lui.
        
         Souvent, les étudiants, de cet exceptionnel professeur, avaient recours à lui pour éclairer leurs lanternes sur des sujets différents. Parfois, il trouvait des solutions à des problèmes qui paraissaient insurmontables. D'autres fois, il accomplissait des miracles pour redresser des situations inimaginables. Il était un véritable psychologue qui mettait son grain de sel au moment propice.
         Jack rencontrait ses étudiants à la fin des cours à la FAC, ou dans le café fréquenté par la société estudiantine, ou parfois dans le jardin public de la ville. Sans oublier, le lieu de rendez-vous des plus fidèles, des férus de la langue française qui se réunissaient dans " Le CLUB de français" à une dizaine de kilomètres à l'extérieur de la ville. C'était une ancienne bâtisse appartenant au feu grand-père Merton. Les étudiants initiés se regroupaient là-bas pour lire des textes choisis, ou des poèmes variés, ou aussi pour participer à l'atelier d'écriture. Toutes les activités dans ce CLUB utilisaient la langue française.
         Ce jour là, vers 20 heures, Le téléphone portable de M. Jack retentit. Une voix bouleversée de femme se fit entendre: « M. Jack! C'est Victoria. J'ai un sérieux problème. Est-ce que je peux compter sur ton aide et surtout sur ton indiscrétion »
    -         Mais évidemment ma petite Victoire, c'était ainsi qu'il l'appelait pendant les cours. Nous pouvons nous rencontrer dans dix minutes au CLUB, d'accord?
         La nuit avait jeté son dévolu sur l'ensemble du paysage de la ville et ses alentours. Le chemin tortueux du CLUB était un peu rocailleux, difficile d'accès. Ajouté à tout cela, l'obscurité qui y régnait de main de fer. Au loin, une petite lueur apparut. Elle grandissait au fur et à mesure qu'elle s'approchait du lieu de rendez-vous. C'était les phares de la petite voiture de Victoria.
         En arrivant sur place, un étrange pressentiment envahit l'esprit de la jeune femme. Peut-être le fait qu'elle était toute seule dans cet endroit. Mais ce n'était pas la première fois. Elle y venait parfois quand les choses n'allaient pas. Elle passait la nuit à bouquiner ou la plupart du temps à écrire des pages et des pages de son premier roman. Elle tentait sa chance. Son professeur a utilisé un jour l'expression " Qui ne tente rien n'a rien" et c'était depuis ce jour qu'elle a décidé d'entamer l'écriture de son livre.
         Toutes les lumières du «havre» de français étaient éteintes. Il paraissait bel et bien que son professeur n'était pas encore arrivé. Habitué à ce lieu, Victoria monta les trois marches de l'escalier; d'un geste machinal, elle prit la clé de sous le petit vase du milieu au coin de la porte. Elle ouvra et se prépara à entrer dans le local quand une main la bouscula brusquement de force à l'intérieur. La jeune femme sentit une odeur bizarre qui enveloppait son nez. N'arrivant plus à respirer, elle perdit conscience.
         Après un quart d'heure, Victoria peina pour ouvrir ses yeux. Il  y'  avait un nuage blanc qui couvrait sa vue. Tout autour d'elle était confus. Après un moment, elle put distinguer la chandelle qui éclairait la salle sombre.  Elle essaya de se lever de la chaise sur laquelle elle était assise mais sans résultats. Elle était ligotée. Elle voulut crier, appeler au secours mais en vain. Sa bouche était bâillonnée. C'était maintenant seulement qu'elle sentit sa détresse. La panique s'empara alors de sa toute sa personne, elle réalisa que sa situation était extrêmement grave. Victoria se débattit avec force et détermination, ne réussissant qu'à faire basculer la chaise qui en tombant fit un énorme bruit. Mais sans aucun résultat, ses mains et ses jambes restaient toujours serrées.
         A quelques pas de la jeune femme affalée par terre, une silhouette apparut devant elle. C'était celle d'un homme, pas le moindre doute.  Qui était-il? Que voulait-il? Pourquoi M. Jack avait-t- il si tardé? Etait-il lui aussi ligoté comme elle dans une autre salle? Ou peut-être, il arriverait d'un moment à l'autre et la délivrerait de ce cauchemar. Toutes ces idées lui traversèrent l'esprit en un laps de temps très court.
         L'homme s'était approché d'elle; elle vit qu'il
    était habillé tel un chirurgien, il portait un masque noir sur lequel se dessinaient des traits de tristesse. D'un seul geste, il la souleva avec sa chaise et la remit à sa place. Il avait une odeur, un parfum qui lui semblait familier. Serait-il celui de l'un de ses camarades de cours, ou peut-être celui d'un de ses amis du CLUB. Elle n'était pas dans une situation qui lui permettait de se rappeler quoi que ce soit.  A cet instant, l'étudiante vit la table où étaient disposés des outils chirurgicaux. Son cœur commença à battre de plus en plus. Elle sentit qu'il allait jaillir de sa poitrine. La sueur froide coulait en torrents de son front, son corps entier tremblé. Elle avait de la peine à respirer. Réalisant que cette étrange personne n'allait pas l'épargner, la jeune femme éclata en sanglots.
         L'homme habillé en chirurgien s'approcha calmement d'elle. Il avait une seringue à la main. Sans prononcer le moindre mot, lui enfonça doucement la très fine aiguille dans le bras gauche. Victoria sentit tout de suite l'effet de cette injection. Une détente, un enivrement, une béatitude s'approprièrent d'elle. Rien ne la tracassait en ce moment, elle flottait, elle voltigeait comme si elle était libre. La jeune femme avait déjà fait cette expérience étant adolescente en compagnie de ses copines de classe. Elles se faufilaient souvent dans un entrepôt abandonné à la périphérie de la ville pour expérimenter des  hallucinogènes et des euphorisants.
         L'homme au masque noir plaça d'abord deux cuvettes au-dessous de la chaise en parallèle avec les mains de Victoria. Il prit ensuite un scalpel et lui incisa les veines des mains. Le sang gicla et commença à couler le long de ses doigts formant ainsi des gouttelettes qui finissaient dans les deux cuvettes.
         Victoria qui planait sous l'influence de la drogue, ressentit une douleur au bas de ses bras. Une douleur qui faisait que s'accroître de fait du flux veineux. Elle voyait son père lui apprenant à conduire pour la première fois un vélo. Elle voyait  sa mère lui donnant le médaillon en or de sa grand-mère à l'occasion de son quinzième anniversaire. Elle voyait son frère l'accompagnant au lycée dans sa superbe voiture rouge qui attirait tous les regards de ses copines et de ses copains. Elle voyait son cher professeur Jack parlant avec grâce la langue française et l'envoûtant avec ses paroles qui sortait de sa bouche comme des mélodies. Elle voyait un flash continu qui défilait devant ses yeux. C'était cela la mort! Un froid intense parcourut ses pieds, se glissa dans ses jambes, glaça toute la partie inférieure de son corps. Ne s'arrêtant pas là, il finit par envahir tout le reste de sa personne. La pauvre jeune femme tremblait de plus en plus. Son corps était devenu trop lourd pour elle. La respiration devint subitement quasi-impossible. Sa gorge se serrait de plus en plus; un épais brouillard enveloppa ses yeux. Elle sentit que quelqu'un  extirpait  la vie avec impétuosité de son corps. Ses paupières devinrent  excessivement pesantes. Elle ferma pour la dernière fois ses yeux.
         Le meurtrier apporta un appareil photo et prit une seule photo.
         Le lendemain, les lecteurs du Daily News de la ville lisaient à la Une: «  Suite à une altercation avec son père, une jeune étudiante se drogue puis se suicide dans les bois de notre ville. C'est le dixième suicide en dix ans... »
         Dans son bureau, M. Jack ne semblait pas choqué par la terrible nouvelle qui vint frapper toute la ville. Ecoutant les «quatre saisons » de Vivaldi, l'exceptionnel professeur feuilletait avec délectation un album photos.  
              
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  • Sous le pont écarlate de la chaste vérité
    Où l'or embrasse les précieuses pierres
    Sous le pont des mille et une nuits d'été
    Ruissèle, doucement, une sereine rivière

    Ses eaux bercent des feuilles, des fleurs
    A travers les méandres de la terre perse
    Telles des bateaux ivres, des navigateurs
    Sous le pont, une pâle lueur les transperce

    Caressant de ses beaux pieds le bois terne
    Dansant sur les sanglots d'une cithare
    Ses yeux brillent pareils à des lanternes
    Suspendues à un rameau d'une forêt noire

    Sa chevelure dessine des grands anneaux
    Sa chemise en dentelle, sa jupe, son foulard
    Jouent avec le vent aux confins de l'eau
    Où viennent mourir mes tendres regards

    Marie est la reine des palais en turquoises
    Des arbres cuivrés et des estampes dorées
    Elle est le parfum et le goût des framboises
    Elle est la volupté des papillons enchantés

    De mon assise, mon cœur s'est calciné
    La brise a emporté ses cendres au tombeau
    Qu'a creusé le temps, ainsi est sa destiné,
    Et où Marie a planté des coquelicots.

    C'est le poème de mon très cher ami mens divinior son blog figure parmi mes blogs amis: le souffle divin, vous ne serez pas déçus


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        La meilleure occasion pour éprouver la sincérité d'un ami c'est le moment où vous lui annoncerez un malheur qui vient de vous frapper...<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /> 

     


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